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Cependant, l’engouement autour du Métavers montre une nouvelle fois les capacités d’anticipation et d’adaptation du secteur

La multiplication des champs du possible

La palette de prises de parole sur le Métavers par les acteurs du luxe est assez large. Beaucoup d’éléments se complètent les uns avec les autres, d’autres ne sont que les prémices de futures prises de parole plus importantes et plus immersives. Comme l’explique très bien l’étude du cabinet de conseil MAD “ Web3 and Métaverses: How to approach a brand new world? “, ce nouveau canal est un très bon CRM pour la maison génératrice de NFTs car, détenir un token de la marque signifie adhérer et faire partie de la communauté. Les acteurs du luxe peuvent créer un lien avec les clients, mais ils peuvent aussi interagir avec eux librement, sans le biais des algorithmes à la manière d’Instagram, ou bien même faire du ciblage en targetant certains détenteurs de NFTs selon les événements auxquels ils ont participé. Mais il existe aussi plein d’autres moyens d’attirer les utilisateurs et de les faire adhérer à l’univers des maisons de luxe.

INFLUENCEURS VIRTUELS

Premièrement lié à la stratégie D2A, il y a l’avatarisation, en effet, cet élément est la suite logique de l’expression personnelle augmentée par des filtres sur Instagram. Les utilisateurs vont définir leurs propres identités. Mais un nouveau phénomène fait parler de lui ces derniers temps : l’influence virtuelle. Surtout très développés dans les pays asiatiques, ces robots virtuels ayant l’apparence d’un quasi humain ont été totalement conçus par des professionnels de la tech et du marketing. Lil Miquela, Noonoouri, Shudu Gram comptabilisent chacun quelques millions d’abonnés. Incarnant l’influenceur parfait, la personnalité virtuelle a son propre univers, fait ses propres choix et collabore avec de nombreuses marques à sa manière. La première maison à s' être investie est Balmain en 2018, où plusieurs top-models virtuels incarnaient une des campagnes de la marque. L’opération a été un franc succès, ce qui a permis la réitération de l’événement en invitant ces influenceurs virtuels à participer à leurs plus grands défilés.[1] 
 
Mais en quoi l’influenceur virtuel est-il plus utile et efficace qu’une @chloebbbb ou une @carla_ginola ? Premièrement, la puissance du storytelling, en effet, les marques peuvent utiliser les influenceurs virtuels comme support pour raconter une histoire, intégrer un univers. Ensuite, les idoles virtuelles sont plus faciles à gérer, en termes d'horaires et de risques, et peuvent être exploitées pour une gamme d'offres de services différentes. Une idole virtuelle peut être disponible pour la diffusion en direct et les services client 24h/24 et 7j/7, tout en évitant les scandales dévastateurs dans lesquels se sont retrouvés tant d'influenceurs réels. De ce fait, les marques utilisent ces influenceurs digitaux pour « le contrôle millimétré du discours, de l’image mais aussi une adaptation sans faille et une gestion des coûts facilitée. » selon les actualités de Sup de Luxe. Thibaut de La Rivière, directeur de l’école, a souligné: « Métavers et influence virtuelle offrent indéniablement aux marques une nouvelle dimension artistique. Cette stratégie digitale permet non seulement d’incarner les valeurs de la marque mais aussi et surtout d’incarner la relation. » En effet, l’ouverture créative et la multiplication des champs des possibles sont aussi des arguments solides à l'utilisation des influenceurs virutelles. « Une extension artistique qui donne aux marques la possibilité de laisser libre court à leur imagination, essence même de la mode et du luxe.[2]  » C’est un engagement quotidien et sur le long terme qui s’installe entre les protagonistes, les storytellings en sont renforcés et une relation unique est entretenus avec les adeptes de la communauté. 
 
Mais malgré un taux d’engagement plus fort de la part des communautés, la question d’authenticité peut se poser au travers d’une communication très contrôlée par les équipes marketing des marques car nous ne sommes plus vraiment sûr du contenu sponsorisé mais plus sur un contenu publicitaire. En effet, cette nuance pourrait dérouter la jeune génération et par conséquent ne pas avoir l’effet escompté. Le manque d’identification à ces avatars ne fédèrera pas la communauté et le message sera donc inefficace. Les Etats-Unis ont rapidement  apporté une solution dès juillet 2019 par le biais de la Federal Trade Commission en obligeant les marques à afficher clairement s’il s’agit d’un influenceur réel ou virtuel par souci donc de transparence et de fiabilité.
Cependant, le luxe fait face à un enjeu majeur d’équilibre entre le virtuel et le réel tout en réussissant à s’adapter aux innovations et aux nouveaux canaux de communication. 
Le 6 mai dernier, c’est le groupe LVMH qui met en lumière sa nouvelle ambassadrice : Livi. Prénom provenant de l’acronyme LVMH Innovation Virtual Insider, Livi représente le nouveau visage de l’innovation. En effet, cet avatar 100% virtuel représentera le challenge annuel des start-ups, le LVMH Innovation Award qui se déroulera lors du rendez-vous mondial des strat-ups et des leaders de l’innovation, Viva Technology.

L’agence créative SPOA Paris s’est chargée de développer l’ensemble du projet, allant de la conception à la réalisation du personnage (profil, personnalité et modélisation 3D) jusqu’à la finalisation de détails telles que sa voix, sa personnalité ou encore son attitude corporelle. Livi a, enfin, été habillée par les Maisons de Couture et de Joaillerie du groupe LVMH.

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                                                 LVMH announces a virtual human: "The new face of innovation at LVMH." -  Youtube

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Si l’on veut se concentrer sur les bonnes pratiques dans l’utilisation d’influenceurs virtuels, nous pouvons prendre l’exemple asiatique, très avancé sur le sujet. Les GAFAM chinois ont pratiquement tous lancé leurs propres plateformes de NFTs. Alibaba et RED ont créé deux plateformes qui méritent l’attention des maisons de luxe et des marques premium.

 

En novembre 2021, RED (équivalent d’Instagram et Pinterest) a lancé R-SPACE, une plateforme de trading qui a su se démarquer en permettant aux utilisateurs d'acheter des NFTs directement sur l'application et de les afficher depuis leurs comptes. R-SPACE collabore avec des artistes et designers mais surtout avec Virtual Idol Ayayin, une influenceuse virtuelle, pour promouvoir la plateforme.

 

En Asie, les idoles virtuelles sont en hausse depuis près de 20 ans, les premiers noms ont été Hatsune Miku au Japon et Luotianyi en Chine. Des marques telles que L'Oréal, Vogue China, Tommy Hilfiger ont toutes développé leurs propres idoles virtuelles en interne. Le concept a très bien été accueilli par les consommateurs : Il a été rapporté que les idoles virtuelles ont surpassé de 3 fois les vrais hôtes humains en termes d'engagement sur la plateforme vidéo chinoise Bilibili. La plateforme a signalé une augmentation de 225% des temps de visionnage moyens mensuels des diffusions en direct d'idoles virtuelles, entre janvier et octobre 2020.

 

Les marques telles que Louis Vuitton, Givenchy et The Middlehouse ont collaboré avec la star montante de Virtual Idol Ayayi. Une création hyperréaliste de la société RM Inc. basée à Hangzhou. Ayayi a été lancée en 2020 et a gagné 40 000 abonnés dès la première nuit. À ce jour, elle compte plus de 119 000 abonnés sur RED et 543 7000 sur Weibo (l’équivalent de Twitter).

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                                                                     Meet Ayayi: China's First Hyper-Realistic Virtual Influencer - YouTube

 

La clé de réussite dans le succès des influenceurs virtuels est dans le mouvement stratégique des créateurs et des entreprises. La décision d'une entreprise sur l'esthétique, le calendrier, la technologie et la création de contenu de qualité aura toutes des conséquences. Parce que les réglementations locales restreignent l'activité de la blockchain, le commerce des marques de NFTs doivent plutôt se concentrer sur la façon d'exploiter ces technologies à des fins de marque et de marketing. Ainsi pour créer de la valeur, trois étapes sont à suivre :

 

1. Explorez les opportunités avec les IP et plateformes Virtual Idol existantes : créez une adresse IP virtuelle appartenant à la marque permet d’interagir avec les jeunes clients et relier l'expérience des canaux traditionnels au monde Métavers.

 

2. Lancer des produits NFTs pour exciter les clients et générer le buzz de la marque : Les marques de luxe peuvent courir le risque d'être considérées comme lentes, voire démodées, une position dangereuse lorsque le prochain groupe de consommateurs le plus puissant a moins de 25 ans. Créer un buzz autour des NFTs et des idoles virtuelles peut aider le luxe les marques créent une image qui résonne avec la GenZ et positionne la marque comme étant en évolution rapide et à la pointe de la technologie. L'utilisation des NFTs comme cadeaux VIP ou pour accompagner des articles en édition limitée peut accroître l'engagement et l'enthousiasme des jeunes consommateurs. Par exemple, Coach & GQ China vont sortir 6 NFTs en édition limitée sur la plateforme Weibo afin de créer une expérience interactive élevée. Afin de participer pour gagner l'un des 6 NFTs, les utilisateurs devaient mélanger et assortir les designs pour soumettre leur propre création.

 

3. Étendre l'expérience retail physique dans le monde virtuel avec des interactions plus immersives : À l'avenir, les achats ne se feront plus uniquement en ligne, ni purement hors ligne, mais un mélange des deux. Les marques de luxe peuvent tirer parti de l'expérience VIP premium offerte hors ligne et la combiner avec des solutions numériques telles que les interactions AR dans le magasin de détail pour offrir aux clients une expérience hybride. Avec la maturité des équipements matériels tels que les lunettes AR, les miroirs, nous pouvons nous attendre à ce que ces solutions deviennent beaucoup plus faciles à appliquer dans le cadre hors ligne. En outre, les marques de luxe peuvent également développer leur capacité à offrir une expérience premium en ligne via un essai virtuel de produits ou une boutique virtuelle complète hébergée sur un mini programme WeChat.

 

LIVE SHOPPING

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L’exemple parfait d’un mixe entre les deux mondes est très certainement le lancement des lives shopping. En effet, cette nouvelle technique de vente en ligne permet aux utilisateurs des réseaux sociaux d’acheter des produits présentés en direct d’une vidéo streaming. En 2020, cela représentait 1 milliard de yuans dépensés soit près de 154 milliards de dollars en Chine. Ce bond en avant a été notamment popularisé par le géant du e-commerce Alibaba via sa plateforme Tmall, en organisation un festival de shopping annuel pour la fête des célibataires : le Singles Day. Le concept de « shoppertainement », signifiant le shopping en ligne tout en se divertissant, gagne en popularité et dépasse le cadre d’un simple effet de mode. Cela s’annonce prometteur et pourrait contre-carrer les consommateurs réticents à l’idée de revenir flâner en magasin. Les avantages sont nombreux : développer sa notoriété, élargir sa zone de chalandise à un périmètre international, personnaliser son offre et économiser son budget marketing en accédant à une communauté d’abonnés déjà existante. Le phénomène live shopping est encore très jeune en France mais selon une étude d’Altavia ShopperMind/Opininway de mars 2021, l’intérêt des jeunes Français en particulier annonce un avenir prometteur pour cette nouvelle technique de vente. De fait, l’aspect événementiel augmente l’attrait pour le live shopping mais sa praticité et sa facilité d’accès est aussi un gros plus. Cette même étude explique aussi la confiance des jeunes femmes dans ce nouveau concept, car il leur fait gagner du temps, s’adapte à leur besoin et le rôle des vendeurs est perçu différemment. Le live shopping plaît aussi tout particulièrement à la GenZ socionaute, lui permettant de vivre la même expérience qu’en magasin tout ayant l’opinion d’un influenceur ainsi que les avis des autres consommateurs en live, et cela, sans se déplacer. Par exemple, un influenceur chinois connu sous le pseudo « Lipstick Brother 1 » a vendu près de 15 000 tubes de rouge à lèvres en seulement 15 minutes lors d’un live shopping sur Taobao, plus grand site de vente en ligne chinois. Lors du Singles Day de novembre 2021, la plateforme Tmall a invité des marques de luxe telles que Burberry, Coach et Longines à créer des NFTs pour la période des soldes. La plupart des NFTs proposés étaient combinés avec un article physique en édition limitée. Inscrit à 435 $ chacun, Burberry a vendu 1000 foulards en édition limitée accompagnés d'un cerf interactif NFT.

 

Des maisons de luxe ont pris elles-mêmes leur envol, notamment Dolce & Gabanna en dévoilant en septembre 2020 sa « Virtual Boutique Experience » à Osaka au Japon. L’objectif étant d’organiser un shopping virtuel dans les boutiques iconiques de la maison depuis chez soi. L’expérience fut un franc succès, ce qui a poussé la marque à déployer le modèle en France.

De manière générale, les acteurs du luxe ont saisi cette opportunité pour s’insérer sur le marché chinois mais  le phénomène est encore assez timide en France. Durant le premier confinement, période où toutes les boutiques ont été contraintes d’être fermées, les Galeries Lafayette ont su réagir vite et maintenir l’expérience client en organisant des « Exclusive Live Shopping », concept mettant en relation les consommateurs depuis chez eux avec un conseiller physiquement présent dans le point de vente. L’achat se passe donc grâce à la vidéo et regroupe l’ensemble des 120 marques luxe et premium allant de la fashion à la cosmétiques (Balenciaga, Jacquemus, Dior, Sisley, Fresh ou encore Nars). Les consommateurs ont pu récupérer leurs achats en click & collect ou bien se les faire livrer à domicile. Durant ces 6 semaines de confinement, ce sont près de 1 000 lives vidéos ont été réalisés avec un taux de transformation deux à trois fois supérieur aux résultats e-commerce. Une réelle satisfaction client est remontée sur la dimension conseil avec le personal shoppers. Après avoir ouvert sa boutique virtuelle des Champs-Elysées, les Parfums Christian Dior ont pour projet d’ouvrir des cabines de live shopping individuel via leur site de e-commerce, permettant de mettre en relation les clients Dior ayant besoin de conseils avec un personal shoppers.

En somme, les lives shopping sont un énorme succès en Asie, les maisons de luxe ont su saisir cette opportunité pour accéder au marché et aux plateformes chinoises. La France est encore réticente à ce nouveau phénomène mais commence à adopter les mêmes codes, ce qui promet un avenir certain pour les live shoppers ainsi qu’une évolution des métiers retails auxquelles il faudra se préparer.

LES SKINS POUR AVATARS

La gamification de l’univers du luxe connaît une démocratisation importante. En effet, de nombreuses marques ont compris l’intérêt de pouvoir proposer une mode virtuelle et ont déjà leurs propres habitudes : Valentino et Marc Jacobs ont déjà créé chacun leur propre boutique dans l’univers de jeu Nintendo Animal Crossing, les joueurs achètent à leurs avatars des vêtements inspirés des codes de leur maison. En août dernier, Ralph Lauren a commercialisé une collection de 50 vêtements numériques sur Zepeto, afin que les utilisateurs puissent personnaliser leurs avatars aux couleurs de la griffe.  Le gros buzz de ces derniers mois a été pour Balenciaga en s’associant au jeu favoris de nos adolescents, Fortnite, afin de commercialiser ces propres skins et des accessoires conçus par la marque.

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La collaboration entre Balenciaga et Fortnite

Ce nouveau canal de commercialisation est susceptible de devenir selon une étude de Morgan Stanley la « plate-forme de médias sociaux, de streaming et de jeux de nouvelle génération ». Entre les enjeux économiques, sociaux, environnementaux et de fast-fashion, la mode virtuelle pourrait devenir une solution de demain qui pourrait permettre aux marques de concilier rentabilité et enjeux.

Même si le marché des skins était jusqu’alors assez confidentiel, Louis Vuitton a fortement participé à sa démocratisation en devenant en 2019 partenaire du championnat du monde du jeu League of Legends. L'événement a rassemblé plusieurs millions de passionnés.

 En plus d'un impressionnant écrin au logo LV destiné à accueillir le trophée, Nicolas Ghesquièrea conçu des tenues pour avatars ainsi qu'une collection capsule inspirée du jeu.Jasmine Asia, joueuse professionnelle et mannequin, émet pourtant des réserves sur ce rapprochement entre les deux univers : "Lors des défilés, je vois des vêtements très similaires à ceux existant dans les jeux depuis des années. Les designers s'inspirent de cette esthétique mais ils ne la créditent que rarement. Pourtant, s'ils mentionnent notre culture comme référence, cela aiderait peut-être à améliorer notre image qui souffre encore de beaucoup de stéréotypes."

 

Les exemples d’utilisation de ces NFTs dans des univers virtuels se sont multipliés ces derniers mois.               En parallèle de la mode virtuelle s’est développé les cosmétiques virtuelles :

  • En premier lieu, nous avons les marques de make-up qui ont développé des looks pour les avatars. Pour la Maison Christian Dior, 9 looks inspirés des produits de la ligne Dior Addict créés par Peter Philips peuvent être achetés par les utilisateurs de Zepeto. Concernant Nars, c’est sur ce même réseau social que 9 maquillages iconiques virtuels avec des techniques originales de Nars qui sont proposés tels que le smokey eyes ou encore le boomerang brush.

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  • En second lieu, ce sont les marques de parfums qui s’adapte à l’univers du Web3 car même s’il n’est pas encore possible de recréer l’odorat sur les plateformes virtuelles, certains acteurs ont créé de nouvelles fonctionnalités à la manière de Look Labs par exemple qui vient de créer un parfum transformé en NFT sur la plateforme Rarible de l’écosystème Ethereum. Ce token prend la forme d’une vidéo 3D comprenant le visuel du flacon et le spectre infrarouge obtenu par spectroscopie de l’eau de parfum. Un autre format très intéressant a été développé par la maison de parfumerie britannique Rook Perfumes, qui est en train de créer une nouvelle fragrance appelée « Scent of the Métavers ». Dans l’esprit de collaboration et de décentralisation du Web3, la maison a créé la première « DAO de parfum » où les participants achètent des NFTs. Les acheteurs des 100 NFTs de Scent of the Métavers participeront à une expérience de quatre mois, constituée de conversations sur l’application Telegram, de sessions d’apprentissage, de jeux interactifs, de voyages dans le Métavers et d’événements physiques. A la fin de l’expérience, les détenteurs de NFTs recevront un flacon du parfum et ils bénéficieront également de droits de co-création qui leur rapportera des royalties sur les ventes de parfum s’il est mis en vente. Une autre étape de la dématérialisation des parfums et celle de la synesthésie. L’Oréal a réalisé la sonorisation de son parfum Spice Bomb Infrared de Victor & Rolf en partenariat avec l’Ircam. L’objectif est d’évoquer les fragrances profondes de ce parfum avec des ondes sonores, dématérialisées.
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  • Enfin, nous retrouvons le côté gaming chez Escada Fragrances. En effet, pour commercialiser Fairy Love, la maison allemande a conçu avec l’agence Pavillon Noir un espace virtuel complet sur la plateforme Roblox. Un monde parsemé de rouge et de cœurs aux couleurs du flacon du nouveau parfum et inspiré de l’univers magique des attractions de fêtes foraines. Les utilisateurs sont plongés dans cette ambiance marquée, et il est invité à jouer à des mini-jeux lui donnant accès à des objets virtuels aux couleurs du nouveau produit, voire gagner un flacon du parfum en physique. Il peut ensuite utiliser ces collectibles pour habiller son avatar, ce qui permet d’augmenter le reach de la campagne au-delà des personnes ayant visité Fairy Love Land.

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Le monde d'Escada Fragrances sur Roblox

ART

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Les NFTs sont des nouveaux leviers de monétisation pour les marques de luxe qui utilisent la spéculation de la crypto à des fins sociales.

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En novembre dernier, la Maison Givenchy, avec son Directeur Artistique Matthew M. Williams a collaboré avec l’artiste américain Chito autour de la création et de la mise en vente de 15 NFTs sur la marketplace Opensea au profit d’une ONG. Le marché réagit favorablement à ce type d’opération où un NFT de Dolce & Gabbana a été vendu 351 ETH (environ un million de dollar) au moment de l’enchère d’objets numériques et physiques. Selon Morgan Stanley, « les NFTs pourraient élargir le marché total adressable des groupes de luxe de plus de 10% dans huit ans et augmenter les bénéfices du secteur d’environ 25%. »

 

Une nouvelle utilisation a donc émergé fin 2021, les collaborations avec les artistes, en effet, de nombreuses marques utilisent le Web3 pour mettre en avant leurs valeurs en soutenant et en collaborant avec plusieurs artistes. L’Oréal Paris USA l’a très bien fait en commissionnant 5 artistes pour créer des œuvres NFTs autour de la nouvelle teinte de rouge à lèvres Red of Worth Color Ruche et ses 6 teintes de rouge. Les NFTs ont été disponibles durant 3 jours sur OpenSea et les gains sont allés intégralement aux artistes. D’autres maisons décident de renforcer leur image de marque et de proposer des événements en lien avec leur stratégie et l’histoire qu’ils veulent raconter à leurs clients comme Guerlain, maison qui prône sa sensibilité pour la nature dans ses différentes communications. Dans le Web3, Guerlain a organisé une vente aux enchères de NFTs en faveur de la biodiversité. En collaboration avec l’agence MNSTR, cette opération solidaire met en avant les œuvres numériques de quatre artistes dont leurs NFTs sont inscrits sur la blockchain Tezos et ont été présentés aux enchères chez Druot. L’intégralité des bénéfices générés par la vente de ces NFTs sera reversée au produit de la Fondation GoodPlanet créée en 2005. La somme récoltée permettra de lancer la création d’un jardin expérimental dédié à l’étude à la protection de la biodiversité.

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Guerlain
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L'Oréal

En somme, la liste des organisateurs de ventes aux enchères d’œuvres de NFTs dans le cadre social s’allonge : Givenchy qui soutient la communauté LGBTQIA+, Nivea qui met en avant le sens du toucher… A qui le tour ?

 

PHYGITALE & EXCLUSIVITÉ

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"La pandémie a accéléré le virage digital des labels, qui ont investi dans des points de vente virtuels accessibles à tous, à tout moment, même en cas de confinement", rappelle Ambre Venissac, tendanceuse chez Carlin International.

Les NFTs ont été les invités stars du grand magasin Selfridges d'Oxford Street à Londres. Un mélange des mondes virtuel et physique est lancé dans le cadre d'un pop-up qui présente des œuvres de Victor Vasarely et de nouvelles pièces physiques de la marque de créateurs Paco Rabanne inspirées du travail de Vasarely. Les NFTs peuvent être achetés via un écran numérique en magasin en moyen de paiement traditionnel. Les acheteurs auront la chance d’acquérir les premières robes conçues par Paco Rabanne en version numérique mais aussi d’avoir certaines pièces exclusives jamais montrées comme les premiers croquis de robes de Paco Rabanne. C’est au total 1 800 NFTs proposés à la vente, à des prix allant de £2,000 et £100,000.

 

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Cette opération démarque Selfridges de ses concurrents, qui ont très vite repris l’idée notamment Printemps qui a ouvert son magasin virtuel sur son site de e-commerce et a proposé de remporter 30 objets NFTs ainsi que des œuvres d’art numériques uniques de l’artiste Romain Froquet. L’opération a duré six semaines en mars 2022 et le grand magasin a fait appel à DressX afin de se constituer une armoire de mode digitale à partir des collections du Printemps.

La combinaison du shopping physique avec la mode numérique permet de renforcer sa proximité avec les consommateurs de mode hyperconnectés. A plus long terme, les grands magasins mais aussi les grandes marques de luxe pourraient bien inspirer les centres commerciaux avec, à terme, de véritables centres commerciaux virtuels, avec des marques existant dans la vraie vie qui proposent leurs produits sous la forme de NFTs.

 

Mais malgré le fait de vouloir acquérir une nouvelle clientèle, le phygitale est aussi une nouvelle manière de faire vivre la communauté de la marque et de créer un univers de fidélisation et d’accessibilité à des offres exclusives.

Clinique a pensé à une initiative en créant des NFTs inspirés des produits iconiques type Black Honey ou encore Moisture Surge qui permettrait d’inciter les consommateurs membres du programme de récompenses Smart Rewards à partager des contenus liés à la thématique de l’optimisme via Instagram, TikTok ou encore Twitter :

« How do you bring hope and optimism to the people around you, and who brings a smile to your face? #MetaOptimist #Clinique #Contest »

Le plus créatif des participants a pu gagner un assortiment annuel de produits durant les dix prochaines années ainsi qu’un exemplaire des 3 NFTs Clinique disponibles.

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Le développement du phygitale a permis ainsi de pouvoir lier les deux mondes et non de cannibaliser l’un au profit de l’autre. C’est pourquoi, il est de plus en plus courant de faire gagner un NFT sous forme d’une œuvre digitale en édition limitée accompagnée de sa version physique. Tel a été le cas avec Hennessy, la maison de cognac du groupe LVMH, qui a bouleversé les débuts de cette tendance en janvier 2022. En collaboration avec la plateforme BlockBar, la Maison Hennessy a voulu mettre en avant le storytelling de sa ligne Hennessy 8 qui se compose de huit eaux-de-vie rattachées exceptionnelles qui le compose, conditionné dans une carafe en cristal imaginée par le designer Arik Levy et soufflée à la bouche dans les ateliers Baccarat. En 2020, seulement 40 exemplaires étaient disponibles et les clients ont pu choisir leurs propres carafes, gravées ainsi que numérotées, et chacune d'elle avait été livrée en main propre. En 2022, la maison a décidé d’associer le monde numérique et le monde physique en proposant 250 NFTs numérotés de 1/125 à 125/125 :"L’acheteur peut choisir de récupérer le produit physique et de le faire livrer depuis l’installation de stockage sécurisée de BlockBar, ou d’échanger la version NFT sur le marché BlockBar" explique la maison qui présente le projet comme "le summum de l’art de la fabrication du cognac, que ce soit pour le plaisir personnel, l’investissement ou un futur héritage". La version physique ne laisse rien au hasard car elle se compose d'une sculpture et d'une clé-bijou permettant d'ouvrir le coffre qui abrite la bouteille. « Composé de 25 couches de douelles de chêne provenant de la tonnellerie Hennessy, soit une couche par décennie d'histoire, ce coffret est complété par un set de dégustation composé notamment d'une pipette, d'un porte-bouchon ou encore de quatre verres exclusifs.  L'unique acquéreur de ces NFTs - commercialisées en duo - se verra également bénéficier d'un accès exclusif au domaine Hennessy sur les terres historiques de la maison à Cognac, en Charente. » indique le Journal du Luxe. Le duo Hennessy 8 est proposé pour la modique somme 70,47 ETH soit près de 226.450 dollars. Le prix de l'exception.

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Gucci a aussi très bien compris l’enjeu du phygitale en surprenant les détenteurs de NFT Gucci Vault par une invitation à une soirée privée organisée par la marque !
 
METAVERS SELLING

Utilisant aussi le phygitale, le Métavers selling est le cousin du social selling que nous connaissons actuellement sur les réseaux sociaux, il consiste à acheter une pièce d’une marque via une publication ou bien une plateforme. Les enjeux du Métavers selling est de créer un univers propre à la marque, respectant ses codes et ses valeurs tout en proposant un parcours client ludique et intuitif. Dermalogica, Sephora, Estée Lauder, ses marques ont créé des vitrines virtuelles accompagnées de social selling mais surtout tout un tas de services permettant de faire vivre la marque et de garder les utilisateurs actifs. Chez Estée Lauder, ce sont dans des jardins interactifs qu’il est possible de jouer à des mini-jeux afin de gagner des codes de réduction, les best-sellers sont mis en avant et des mascottes de marques sont présentes afin de pouvoir interagir avec eux. De quoi plonger dans l’univers tangible des marques. Sephora a notamment développé son flagship durant le confinement afin de perpétuer l’expérience client vécue en magasin avec une partie FAQ mais aussi du contenu exclusif, tout ça, en direct.

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Sephora : House of Beauty

Le social selling est surtout combiné avec la gamification du parcours client, car tout le but des plateformes de Métavers est la séduction de nouvelles générations de consommateurs, il faut donc s’adapter à cette nouvelle cible ! Une marque a bien compris les enjeux du monde animé et a su sortir du lot par la création de son univers atypique : Le Loubi World.

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La Maison Christian Louboutin a collaboré avec Zepeto autour de la création d’un univers aux couleurs de la marque. Dans un premier temps, les top clients ont eu la chance de visiter le Loubi World en simple observateur. Lors du lancement, la maison proposait à la vente ses derniers sacs à mains ou ses encore ses dernières paires, mais le jeu permet également à ses membres d’interagir, entre dégustation virtuelle de glaces et performances opérées par la chanteuse King Princess. Et alors que l’interface reproduit certains des spots parisiens préférés du créateur à la manière de la Tour Eiffel, la galerie Vérot-Dodat, ou encore son flagship de la rue Saint-Honoré, une série de challenges permettent également de remporter des cash prize fictifs permettant d’acquérir des pièces virtuelles exclusives. Il est aussi possible d’effectuer des shootings et selfies virtuels à plusieurs.

Les best practices de Gucci

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